Les attentes autour de l’origine et du terroir évoluent rapidement. Sur certains marchés d’Asie, la part des consommateurs qui se disent prêts à "payer plus cher pour une origine prestigieuse" est passée de 34 % à 47 % entre 2018 et 2022 pour la Chine urbaine (source : IWSR 2023). La même tendance s’observe au Canada, où les importateurs recherchent, de plus en plus, des profils distinctifs capables de raconter une histoire singulière, quitte à privilégier de “petits” terroirs ou des cépages autochtones.
À l’inverse, le marché britannique, très mature, voit émerger une génération de consommateurs (moins de 35 ans) plus sensibles à l’innovation, à la durabilité et à la promesse gustative qu’à l’origine seule. Sur ce type de marché, les signes classiques d’identification (appellation, terroir) doivent s’articuler avec d’autres leviers, comme le branding ou la communication sur les pratiques écologiques.
Cas des vins de cépage et des marchés “No Brand”
Si la valorisation du terroir reste centrale dans nombre de marchés matures, on observe depuis une décennie une montée en puissance des vins de cépage (Chardonnay, Cabernet Sauvignon, etc.), notamment sous l’impulsion de l’Australie, du Chili ou des États-Unis. Selon la base de données Wine-Searcher, les wines brands leaders à l’export sont souvent des “brands of origin”, aus débouchés importants.
- La marque “Yellow Tail” exporte plus de 12 millions de caisses/an, essentiellement sur la promesse cépage+origine (Australie), davantage que sur un terroir identifié.
- En Allemagne, 40% des consommateurs déclarent accorder plus d’importance à la lisibilité du cépage qu’au nom du terroir (GfK, 2023).
Pour les producteurs issus de régions moins identifiées par le consommateur final, l’origine peut rester un argument clé, mais seulement si elle s’intègre dans une grille de lecture simplifiée (par ex. : “vin du Sud-Ouest français, typicité locale, cépage Malbec”).